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La sauvage arnica : Intérêt médicinal

    arnica bleus et bosses

    Après avoir identifié botaniquement l’Arnica, nous allons nous intéresser à ce qui en fait une si grande plante médicinale aujourd’hui. Dans un premier temps, nous aborderons sa constitution biochimique puis nous nous concentrerons sur ses propriétés médicinales ainsi que sur ses usages actuels retenus par les pharmacopées européenne et française.

    L’Arnica trouve aujourd’hui une place officielle dans les plantes reconnues d’intérêt médicinal et rentre ainsi dans un cadre législatif précis qui régit son emploi pharmacologique (ses formes galéniques, ses différentes posologies, sa toxicité) :

    • Selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), Arnica montana L. est inscrite sur la liste A des plantes médicinales de la pharmacopée française utilisées traditionnellement, dont les effets indésirables sont inférieurs aux effets thérapeutiques. Cependant elle n’est pas libérée du monopole pharmaceutique, sa vente est donc exclusivement réservée aux pharmaciens.

    Publicité aux Etats-Unis ventant les mérites du liniment à base d’arnica Auteur : J. R. Burdsall 1852
    Publicité aux Etats-Unis ventant les mérites du liniment à base d’arnica Auteur : J. R. Burdsall 1852
    Image sous licence Créative Commons
    • Selon la pharmacopée, on utilise les capitules secs (Arnicae flos), la partie aérienne fleurie fraîche (Arnicae herba), la plante entière fleurie fraîche (Arnicae planta tota), et les racines (Arnicae radix), ceci pour la fabrication de teintures, de préparations homéopathiques, de poudre, d’infusions pour un usage externe, de macérations huileuses, de pommades, d’onguents, de baumes ou de crèmes.
    • La norme de standardisation selon la Pharmacopée européenne est fixée pour la drogue desséchée – ici le capitule sec – à une teneur au minimum de 0,7 % m/m (= masse de soluté/masse de solution) de lactones sesquiterpéniques totaux, exprimés en tiglate de dihydrohélénaline. Sont acceptés également les capitules d’Arnica chamissonis Less ssp. Foliosa (Nutt) Maguire, dont nous reparlerons en quatrième partie, mais auxquels seront toujours préférés les capitules d’Arnica montana L. 3 – Pour l’ensemble de cette partie, les références biographiques sont principalement issues de GOETZ&HADJI-MINAGLOU – 2019, WIKIPEDIA – 2010, ITEPMAI – 2019, ANSM – 2008 , PETIN P. – 2016, EYMARD L. – 2017, PASSEPORT SANTE – 2015, WICHTL M. & ANTON R. – 2003, WORLD HEALTH ORGANISATION – 2007 ….

    1. Caractéristiques chimiques de l’arnica

    L’Arnica montana L. est constituée de dizaines de substances actives. Il est à noter que les composés chimiques d’une plante varient selon le biotope, le climat, le moment de la cueillette, l’organe concerné, le stade de maturité et même le mode de récolte (sauvage ou cultivé).

    Ceci s’applique de la même façon pour l’Arnica montana ; par exemple, comme le montre le schéma ci-dessous, la teneur en lactones sesquiterpéniques dans ses capitules varie en fonction de leur maturité :

    Concentration en lactones sesquiterpéniques en fonction de la maturité de la fleur d'Arnica montana L. (PETIN -Douglas et al., 2004)
    Concentration en lactones sesquiterpéniques en fonction de la maturité de la fleur d‘Arnica montana L. (PETIN -Douglas et al., 2004).

    Pour les teneurs en principes actifs, nous nous sommes appuyés plus spécifiquement sur les données de GOETZ & HADJI-MINAGLOU, qui, dans leur ouvrage « Conseil en Phytothérapie », reprennent les dernières études existantes.

    L’Arnica montana L. se compose de :

    Lactones sesquiterpéniques (absents sur l’appareil souterrain), principalement de l’hélénaline et de la dihydrohélénaline (11-alpha, 13), responsables de l’amertume ainsi que des propriétés anti-inflammatoires et analgésiques de la plante. Ils peuvent également jouer un rôle sur de potentielles réactions cutanées suite à l’application de produits à base d’Arnica.

    Ces lactones sesquiterpéniques sont souvent localisés dans les poils sécréteurs des tiges, feuilles, bractées ou même dans les akènes.

    Structure chimique de l’hénélanine Auteur : Balougador
    Structure chimique de l’hénélanine, Auteur : Balougador
    Image sous licence Créative Commons
    Structure chimique de la dihydrohélénaline, Auteur : Balougador
    Structure chimique de la dihydrohélénaline, Auteur : Balougador
    Image sous licence Créative Commons

    Huiles essentielles (majoritairement dans la partie souterraine (0,69-0,75 %), ou dans les inflorescences (0,15 à 0, 34%)), principalement du thymol (entre 50 et 60 % de l’huile essentielle), monoterpènes, sesquiterpènes (α-phelladrène, α-bisabolol, myrcène, humulène, δ-cadinène, oxyde de caryophyllène, pinène, curcumène, arnicénone, piperitol, bergamontène…) ainsi que 10 % d’acides gras (acide hexadécanoïque et acide linoléique). Le thymol est connu pour être antibactérien, antiseptique, antifongique et antiparasitaire. Ces huiles essentielles sont responsables de l’odeur très aromatique de l’Arnica.

    Notons que les huiles essentielles sont des composés volatils qui ne sont extractibles que par entraînement par la vapeur d’eau. Or il n’est pas d’usage de distiller l’Arnica montana à des fins thérapeutiques.

    Flavonoïdes (0,2 à 0,6%) : ils sont nombreux, citons notamment l’apigénine et ses dérivés, la lutéoline et ses dérivés, le kaemférol et ses dérivés, le quercétol et ses dérivés, la naringénine, la spinacétine, l’hispiduline, la patulétine, la bétulétine, l’isorhamnétine, l’isoquercitroside, l’astragaloside, la quercétagétine…

    Les flavonoïdes participent à la coloration des végétaux et ainsi à la pollinisation ; de plus en phytothérapie, ils agissent sur le système sanguin, en tant que veintoniques, vasculoprotecteurs et antioxydants.
    Ils sont majoritairement sous forme d’hétérosides, solubles dans l’eau. Ils sont présents dans la cuticule foliaire et dans les cellules épidermiques des feuilles. Ils protègent également les tissus des rayons du soleil et jouent un rôle dans la résistance des végétaux face aux maladies et aux herbivores.

    Structure chimique plane de l’acide cinnamique Auteur : NEUROtiker
    Structure chimique plane de l’acide cinnamique, Auteur : NEUROtiker
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    • Stérols et triterpènes, notamment le 3β,16βdihydroxy-21α-hydroperoxy-20(30)- taraxastène, capable d’inhiber la biosynthèse de mélanine (PETIN-2016) et ainsi pourrait « être utilisé dans le traitement des hyperpigmentations ».
    • Coumarines : ombelliférone et scopolétol, présents essentiellement dans les capitules. Ces molécules sont connues pour être également veinotoniques, vasoprotectrices, stimulantes du drainage lymphatique et fluidifiantes sanguines. Le scopolétol ajoute des propriétés hépatoprotectrices et anti-inflammatoires.
    Structure chimique de l’ombelliférone Auteur : Alcibiades

    Structure chimique de l’ombelliférone Auteur : Alcibiades
    Image sous licence Créative Commons
    Structure chimique du scopolétol Auteur : Kopiersperre
    Structure chimique du scopolétol, Auteur : Kopiersperre
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    • Silice, comme toutes les plantes de la famille des Asteraceae, elle est riche en silice.
    • Sucres : polysaccharides : hétéroxylane, rhamnogalacturonane et inuline (rhizome).
    • Acides gras : acide linoléique, acide palmitique et acide linolénique, présents dans les parties souterraines de la plante.
    • Caroténoïdes: α- et β-carotène, différents xantophylles (lutéine, zéaxanthine, β-cryptoxanthine), responsables de la couleur du capitule.
    • Dérivés azotés : nombreux acides aminés dont l’acide γ-amino-butyrique (GABA) qui est un neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central, et l’acide pipécolique.
    • Alcaloïdes (pyrrolizidiniques : tussilagine, acide tussilagénique et iso-tussilagnéique) et l’arnicine (plus dans les fleurs que dans le rhizome). C’est une résine amère qui stimule les fonctions du tube digestif et régule la circulation intestinale. Soluble dans l’alcool. C’est notamment l’arnicine, qui est responsable de la toxicité de la plante. L’arnicine a été étudiée de très près par Etienne Pierre, Docteur en médecine, en 1879, qui y consacre un ouvrage entier, dans lequel il relate les expériences et tâtonnements de chacun en matière d’extraction des molécules actives de l’Arnica puis où il expose ses propres conclusions concernant l’utilisation de l’arnicine comparée à celle du totum de la plante.
    • Polyacétylènes et polyines

    2. Propriétés pharmacologiques principales de l’arnica

    A l’instar du Docteur Etienne Pierre, il y a eu de plus en plus d’études sur les effets physiologiques de l’Arnica à partir du 19ième siècle. Toutefois, elles sont considérées plus comme des observations que comme de vraies études scientifiques comme ce serait le cas aujourd’hui, respectant un protocole précis. Elles nous ont tout de même beaucoup éclairées sur la toxicité, les dosages, et les usages traditionnels de la plante. Il y a cependant des études plus récentes qui ont été réalisées in vivo, in vitro ou sur animaux avec des extraits d’Arnica, de teinture d’Arnica, ou avec les molécules isolées d’hélénaline, d’acide caféique et de polysaccharides, qui permettent aujourd’hui de prouver scientifiquement les activités pharmacologiques d’Arnica montana.

    Activité anti-inflammatoire

    L’activité anti-inflammatoire est due principalement aux lactones sesquiterpéniques, plus à l’hélénaline qu’à la dihydrohélénaline.

    Son mécanisme est qu’elle inhibe l’activité de certaines enzymes nécessaires à la production de prostaglandines pro-inflammatoires et qu’elle inhibe la migration des polynucléaires neutrophiles ainsi que la rupture des membranes lysosomiales, intervenant dans le métabolisme cellulaire.

    Les flavonoïdes participent également à l’action anti-inflammatoire parce qu’ils inhibent l’activité de certaines enzymes notamment responsables de l’oxydation. D’après Laure Eymard, certains flavonoïdes (l’apigénine, la lutéoline, le kaempférol et la quercétine) interviendraient dans la diminution de libération d’histamine. Ceci régulant alors l’inflammation.

    Des études sur le rat et la souris ont démontré les actions anti-inflammatoire, anti- phlogistique (sur l’oedème post-chirurgical, contusionnel ou le lymphème), anti-spasmodique et antalgique de la teinture mère d’Arnica et plus spécifiquement de l’hélénaline. (GOETZ&HADJI- MINAGLOU-2019, EYMARD- 2017, PETIN-2016).

    Activité antioxydante, anti-radicalaire et anti-tumorale

    Les flavonoïdes y ont un rôle majeur. Ils protègent les vaisseaux sanguins et les cellules. Ils présentent un intérêt dans les maladies inflammatoires ou neuro-dégénératives et même dans la prévention et le traitement de certains types de cancer.

    Ils fonctionnent en inhibant certaines enzymes impliquées dans la production de radicaux libres et sont capables d’inhiber la carcinogenèse, l’angiogenèse et la prolifération cellulaire, lors d’états métastasés par exemple, ce qui leur confère des propriétés anti-tumorales.

    Des études ont démontré que la teinture d’Arnica est active sur la peroxydation lipidique et le métabolisme du glutathion dans le foie du rat.

    De plus, selon Paul Pétin, des études sur le rat et la souris montrent également l’activité anti- tumorale de l’hélénaline par une diminution des cellules touchées et un allongement de la durée de vie. L’Arnica montana pourrait ainsi servir de traitement complémentaire aux traitements anticancéreux.

    Activité veinotonique, vasculoprotectrice et cardiovasculaire

    D’après différentes études, il semble que l’action de l’Arnica sur la tension artérielle soit controversée (PETIN-2016, EYMARD-2017). D’aucuns la pensent hypertensive, d’autres observent plutôt un effet inverse dû à une dilatation des vaisseaux. Cependant, le travail du coeur et le système artériel sont favorisés notamment grâce aux flavonoïdes qui sont vasculoprotecteurs et veinotoniques. De plus ESCOP (European Scientific Cooperative on Phytotheray) relate que « l’Arnica provoque une augmentation de l’amplitude de la contraction myocardique, diminue la concentration intracellulaire du calcium dans des fibroblastes en culture et potentialise les réponses induites par la vasopressine et la bradykinine ». La vasopressine et la bradykinine sont deux hormones agissant directement et indirectement sur le système sanguin par des actions contradictoires ; ceci pouvant expliquer à la fois les effets constricteurs ou dilatateurs des vaisseaux sanguins selon les besoins, et les divergences d’opinions concernant l’Arnica et la tension artérielle.

    Activité antiagrégante plaquettaire et anti-coagulante

    En plus de leur action veinotonique et vasculoprotectrice, les flavonoïdes jouent également un grand rôle inhibiteur de l’adhésion et de l’agrégation des plaquettes (grâce à l’hispiduline).

    L’hélénaline et la dihydrohélénaline interviennent aussi en tant qu’inhibitrices quand lors d’une blessure ou d’une rupture d’un vaisseau sanguin, le collagène libéré favorise l’agrégation plaquettaire.

    Paul Pétin rapporte une étude sur le sang humain qui prouve l’activité de l’hélénaline et de la dihydrohélénaline sur l’agrégation plaquettaire.

    Les coumarines contenus dans l’Arnica montana lui confèrent des propriétés anti- coagulantes et fluidifiantes sanguines.

    Activité antibactérienne, antiseptique et antifongique

    Outre les propriétés des huiles essentielles contenues dans l’Arnica montana, notamment le thymol, son activité antibactérienne et antifongique est prouvée contre C. albicans par son acide caféique. Elle est également active notamment contre B. subtilis et S. aureus. (GOETZ & HADJI- MINAGLOU-2019).

    3. Utilisations thérapeutiques de l’arnica

    Les différents noms populaires de l’Arnica montana témoignent d’usages traditionnels variés. On trouve au fil du temps dans la littérature, moultes recettes, dosages et posologies, suivant le mal à traiter et les auteurs : outre ses usages vulnéraires, aussi bien internes qu’externes, sur les blessures ou les traumatismes, les feuilles étaient séchées puis broyées pour être fumées en guise de tabac ou dans les cas de toux quinteuses ou de bronchites ; on a pu lire qu’on utilisait l’Arnica en infusion ou décoction de fleurs ou de racines, en infusion de feuilles, en cataplasmes chauds (emménagogue), en rob de poudre de fleurs dans un jaune d’oeuf (anti-dysentérique), en infusion de fleurs avec gomme arabique et écorces d’orange (contre la typhoïde), en poudre de fleurs avec écorce de chêne et de saule (fébrifuge)… On a pu lire aussi qu’il existait différents dosages ou processus de fabrication, notamment pour la teinture mère de fleurs, de feuilles ou de racines, macérées dans du vin ou du kirsch puis diluée dans de l’eau chaude pour des gargarismes, pour les angines catarrhales… (CAZIN – 1868, FOURNIER – 1947, EYMARD L. – 2017).

    Au fur et à mesure des tests et des observations empiriques, puis des études scientifiques, on a pu affiner, trier et légiférer sur les usages traditionnels d’Arnica montana. Ainsi, petit à petit, l’usage interne a laissé place à un usage exclusivement externe (excepté concernant l’homéopathie). Par ailleurs, grâce aux avancées en biochimie, on a pu prouver et reconnaître les effets bénéfiques de la plante en traumatologie, rhumatologie, phlébologie, stomatologie, cosmétologie et en dermatologie

    Il existe une multitude de produits contenant de l’Arnica. En faire une liste complète serait trop long. Cependant actuellement, l’ANSM en liste 45. (https://ansm.sante.fr/).

    Cueillette et transformation selon les usages

    La récolte de l'Arnica par les moines de l'Abbaye Notre Dame des Neiges (Ardèche) Auteur : Ajt 26
    La récolte de l’Arnica par les moines de l’Abbaye Notre Dame des Neiges (Ardèche) Auteur : Ajt 26
    Image sous licence Créative Commons

    Aujourd’hui la cueillette de l’Arnica est très réglementée (cf. quatrième partie) et il faut être vigilant car on a pu voir quelques cas de falsifications : en effet, les capitules séchés d’Arnica peuvent se confondre avec d’autres espèces d’après Thierry Thévenin, paysan-herboriste (même si, dit-il, elles ne fréquentent pas les mêmes endroits), comme Calendula officinalis L., Senecio doronicum L., ou Inula montana L. On peut les confondre aussi avec Arnica montana var. atlantica ou l’ « Arnica mexicain » : Heterotheca inuloides Cass.

    L’Arnica montana se récolte de la fin juin jusqu’à la mi-juillet de plusieurs manières selon la partie de la plante nécessaire. On veillera à débarrasser le capitule d’éventuelles larves de Tephritis arnicae.

    Fleurs d'Arnica montana .L   Auteur : Rillke
    Fleurs d’Arnica montana .L Auteur : Rillke Image sous licence Créative Commons

    Pour le capitule, soit on positionne l’index et le majeur sous celui-ci et on tire, soit on saisit le capitule entre le pouce et l’index et on « traît à l’envers », c’est-à-dire qu’on plie la tige pour la casser. On peut également le cueillir grâce à un peigne à manche, inventé par les cueilleurs traditionnels de Pied de chat (Antennaria dioica) du Mont Lozère, le peigne étant tenu comme une fourche, poussé en avant pour couper les capitules.

    La partie aérienne fleurie sera prélevée manuellement ou à l’aide d’une serpe.

    Récolte du capitule d’Arnica montana L
    Récolte du capitule d’Arnica montana L.
    Image sous licence Créative Commons Auteur : Abalg
    Cueillette de plante entière de Arnica montana au Markstein (Massif des Vosges, en Alsace, en France) en Juillet 200 Auteur : Abalg
    Cueillette de plante entière de Arnica montana au Markstein (Massif des Vosges, en Alsace, en France) en Juillet 200 Auteur : Abalg
    Image sous licence Créative Commons

    La plante entière fleurie comportant également la partie souterraine sera arrachée à la main.

    La cueillette effectuée, la plante peut aussitôt être transformée selon la forme galénique souhaitée :

    Récolte de capitules d'Arnica montana
Image sous licence Créative Commons Auteur : Aroche
    Récolte de capitules d’Arnica montana
    Image sous licence Créative Commons Auteur : Aroche
    • Les capitules séchés sont utilisés en phytothérapie, en macération huileuse ou alcoolique (teinture officinale), en réduction en poudre, en infusion pour un usage externe (cataplasmes, compresses)…
    • Les racines et rhizomes séchés sont utilisés en phytothérapie également, en poudre, pour une utilisation externe ou en teinture officinale. Le séchage, pour être optimal, se réalise dans une pièce dédiée, dans un séchoir en bois non traité, à l’abri de la lumière dans un endroit chaud, aéré et sec. Le rapport de séchage des capitules d’Arnica est de 1:5 à 1:7, c’est-à-dire qu’il faudra 5 à 7 kg de capitules frais pour en obtenir 1 kg sec. • La plante entière fleurie, la partie aérienne fleurie et la partie souterraine fraîches sont utilisées en homéopathie pour les préparations de base des teintures- mère (macération alcoolique).

    • Ces drogues sèches ou fraîches peuvent également être utilisées pour des extraits hydroglycoliques : macérations par équivalence dans un mélange d’eau et d’un glycol (Glycérine, propylène-glycol, le butylène-glycol), pour un usage cosmétique.

    Utilisation en homéopathie

    Le principe de la dilution homéopathique Auteur : Grasso Luigi
    Le principe de la dilution homéopathique Auteur : Grasso Luigi
    Image sous licence Créative Commons

    Un médicament homéopathique peut se présenter sous
    différentes formes comme le montrent deux exemples ci-dessous. Il est issu de la dilution (suivant le dosage Centésimal, Décimal ou
    Korsakovien que l’on souhaite obtenir) d’une teinture mère préparée
    par macération de plantes fraîches dans de l’alcool ayant un degré
    défini par les pharmacopées (généralement de l’éthanol entre 45° et
    65°), dans des conditions bien déterminées. Elle répond à des normes
    très strictes et est préparée, sauf exception, au 1/10ième du poids
    déshydraté de la plante. Elle doit macérer au minimum 21 jours à
    l’obscurité (voir en Annexe 2, la monographie de l’Arnica montana-
    plante entière- pour préparations homéopathiques, décrite par la pharmacopée de 2008 selon l’ANSM).

    En homéopathie, l’Arnica montana est utilisé pour :

    Le système cardiovasculaire :

    avant une opération chirurgicale pour soutenir le coeur pendant l’anesthésie, lors des suites d’un AVC, en cas de myocardite, lors d’insuffisances cardiaques aiguës, en prévention et soins des maladies coronariennes, pour lutter contre le durcissement des artères, pour améliorer et régulariser l’activité du rythme cardiaque, soutenir le système artériel et les vaisseaux sanguins, réduire les spasmes artériels, en cas d’artériosclérose, pour protéger les vaisseaux capillaires, en cas de phlébites superficielles ou de thromboses, également de rétinopathie.

    Le système nerveux :

    contre certaines paralysies ou dégénérescences musculaires, en préventif ou curatif, pour la reconstruction vitale du système nerveux, s’il y a besoin de réorganiser les interactions de certaines fonctions, pour lutter contre un sentiment morbide, sclérosé, s’il y a besoin d’apporter de la vitalité au système nerveux, s’il y a des symptômes dépressifs, du surmenage, des pertes de conscience, vertiges, pertes d’équilibre, lors de situations traumatisantes, de chocs émotionnels, de deuil, de séparation, de peurs, d’accouchement traumatisant.

    Tubes de granules homéopathiques Auteur : Javierme
    Tubes de granules homéopathiques Auteur : Javierme
    Image sous licence Créative Commons

    Le système locomoteur :

    contre les hématomes, les inflammations, les douleurs post- opératoires traumatiques, les crampes, les courbatures, les chocs, les crampes, les contusions, pour favoriser la récupération après l’effort, ou en ophtalmologie contre la dégénérescence musculaire liée à l’âge.

    Utilisation en phytothérapie

    En phytothérapie, l’Arnica montana s’utilise exclusivement en externe pour :

    • Le système locomoteur : pour tout ce qui concerne les traumatismes cutanés non ouverts, contusions, entorses, foulures, toutes sortes de douleurs musculaires ou articulaires, arthrose, arthrites, tendinites, crampes, foulures…
    • Le système cardiovasculaire : contre les ecchymoses, les hématomes, les varices, l’insuffisance veineuse.
    • La peau : s’il faut réparer les muqueuses internes, agir contre les piqûres d’insectes, les furoncles, l’anthrax, dans les affections dermatologiques de type bactériennes, les brûlures superficielles et les coups de soleil, les herpès, les hématomes, ou en situation de post-accouchement s’il y a eu une épisiotomie ou en gargarismes pour traiter les inflammations de la bouche et de la gorge comme la gingivite ou les aphtes et les ulcères aphteux. Plusieurs formes galéniques sont alors utilisables :
    • Infusion pour usage externe : l’infusion ou parfois la décoction se prépare avec les capitules secs, ou les racines, et s’utilise en externe sous forme de compresses ou cataplasmes sur la peau pour les problèmes dermatologiques, ou bien sur les zones ayant subi un traumatisme non ouvert. Elle s’utilise aussi en bain de bouche ou gargarismes, comme en bain de siège ou de pieds.
    Affiche publicitaire de 1862 des moines trappistes de l’Ardèche.
    Affiche publicitaire de 1862 des moines trappistes de l’Ardèche. Domaine public

    Teinture mère, alcoolature: la teinture mère est une macération de plantes fraîches dans de l’alcool. Elle sert de solution souche à tout médicament homéopathique sous forme de granules, mais peut également être utilisée diluée ou non, en externe pour nettoyer une plaie fermée, en gargarismes et bains de bouche, ou bien en cataplasme, de la même façon qu’une infusion. Elle peut aussi être un ingrédient essentiel des crèmes ou pommades utilisées en phytothérapie.

    « Un flacon de teinture mère dans la poche peut vous aider à arrêter de fumer » relate même Gérard Ducerf.

    Macérat huileux : c’est le résultat d’une macération, pendant une période donnée, des capitules dans une huile végétale choisie. L’huile va extraire certaines molécules dites liposolubles, a contrario des molécules hydrosolubles qui vont être extraites par l’eau, ou par l’alcool. La fabrication d’un macérat huileux varie selon les fabricants et les producteurs. Certains prônent par exemple une macération au soleil direct, avec des plantes fraîches, d’autres font sécher la plante avant de la recouvrir d’huile et de la mettre certes à la chaleur mais surtout à l’obscurité.

    Massage avec macérat huileux Auteur : Lubyanka
    Massage avec macérat huileux Auteur : Lubyanka
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    Le macérat huileux d’Arnica montana va être très utile en traumatologie, pour le système musculaire, en application externe. C’est l’huile d’accompagnement du sportif par excellence.

    Onguents, crèmes, pommades, baumes : se sont des formes galéniques plus ou moins liquides, dont les constituants sont très variables et qui peuvent regrouper dans une même formule les molécules hydrosolubles ainsi que les molécules liposolubles de l’Arnica. On inclut 10 à 25 % de teinture d’Arnica ou 10 à 15 % de macérat huileux.

    Baume à l'arnica. Auteur : Pamalpines
    Baume à l’arnica. Auteur : Pamalpines

    Ici aussi elles sont utilisées dans le traitement symptomatique de l’ecchymose et de l’hématome sous-cutané, les entorses et les douleurs musculaires localisées.

    Autre forme possible : on trouve également de l’Arnica montana en extrait obtenu par la technique du CO2 supercritique, laissant apparaître, d’après le site Aromazone, une teneur de 4 % en lactones sesquiterpéniques et des triterpènes (faradiol et arnidiol), responsables de l’action anti-inflammatoire.

    Cette forme n’est pas officiellement reconnue par les pharmacopées mais présente semble-t-il des propriétés très intéressantes dans des indications traumatologiques, notamment pour le sportif. Elle est utilisée également dans les préparations cosmétiques.

    Utilisation en cosmétique

    L’Arnica montana trouve également sa place sous les formes d’extrait, de poudre, de teinture mère, de macérat huileux dans des recettes cosmétiques visant les peaux irritées, grasses, les pertes de cheveux ou squames, en lotions capillaires, gels douche, mélanges pour le bain, soins raffermissants du corps, soins pour le contour des yeux en vue de décongestionner la zone, ou pour apaiser les brûlures et coups de soleil…

    Usage vétérinaire

    L’Arnica montana sous sa forme homéopathique est autant utilisée sur les humains que sur les animaux, pour les mêmes indications en traumatologie.

    Pour exemple ci-contre, ce traitement homéopathique utilisé chez les chevaux, bovins, ovins, caprins, porcins, rongeurs, composé d’ Arnica montana 4 CH, de Bellis perennis 4 CH, d’Hypericum perforatum 4 CH, de Ledum palustre 3 CH, de Rhus toxicodendron 4 CH et de Ruta graveolens 4 CH aa.

    On trouve également des gels à appliquer sur la peau des animaux, comme l’exemple ci-contre pour rafraîchir et raffermir les membres.

    Posologies


    Les posologies de l’Arnica montana ont toujours été très discutées. Il y a celles règlementées de la pharmacopée, et celles utilisées traditionnellement mais qui diffèrent d’un auteur à l’autre.

    Pour exemple, ci-dessous une comparaison entre les propositions de préparation de l’Arnica faites par deux grands noms de la connaissance des plantes et de leurs usages que sont le médecin français François-Joseph Cazin (en 1868) et le botaniste Paul-Victor Fournier (en 1947). On observe de grandes différences, notamment sur les dosages pour les tisanes, ou pour les décoctions de racines. Par ailleurs, on ne sait pas quel alcool est utilisé et les dosages sont imprécis.

    Extrait du « Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes », de François-Joseph Cazin. Propositions de préparations et dosages.
    Extrait du « Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes », de François-Joseph Cazin. Propositions de préparations et dosages.
    Extrait de «30 plantes utiles : Herbes, arbres, plantes alimentaires : leur histoires», de Paul-Victor Fournier. Propositions de préparations et dosages.
    Extrait de «30 plantes utiles : Herbes, arbres, plantes alimentaires : leur histoires», de Paul-Victor Fournier. Propositions de préparations et dosages.

    Pour ce qui est des posologies en phytothérapie, nous retenons les indications de GOETZ & HADJI-MINAGLOU qui sont les plus proches de la pharmacopée actuelle :

    • Pour une infusion en vue d’une utilisation en compresses, cataplasmes ou d’une utilisation ophtalmique, le dosage est de 2g de capitules secs pour 100 mL d’eau, infusés pendant 5 à 10 minutes à couvert.
    • Pour la teinture mère, une fois la teinture prête, il faudra la diluer à 10 % pour une application locale ou des bains de bouche.
      Elle sera diluée à ± 4 % dans des crèmes, pommades ou onguents.
      Pour un usage externe, il ne faudra pas dépasser 20 à 25 % de dilution. En ce qui concerne l’homéopathie, les sources et les praticiens s’accordent ici aussi plus ou moins sur les posologies. Par contre, il est bien établi qu’on utilise une dilution haute (30CH et plus) pour les traumatismes ou chocs plus anciens ou d’ordres psychologiques, alors que les dilutions plus petites sont réservées aux traumatismes physiques. A titre d’exemples :
      • Pour les différents troubles traumatologiques, la prise d’Arnica montana entre 5CH et 9CH est préconisée à raison de 5 granules à faire fondre sous la langue toutes les heures jusqu’à amélioration des symptômes, puis espacer les prises.
      • Pour préparer un effort physique intense ou une opération chirurgicale, prendre Arnica montana 9CH en 1 dose globule par jour, ceci 3 jours avant. Puis 5 granules en 9CH toutes les heures pendant la première demi-journée suivant l’intervention, puis des prises espacées suivant les améliorations. Et de même après l’effort physique afin de récupérer plus facilement.
      • En cas de choc psychologique, Arnica montana 30CH en dose globule est à prendre dès que possible.
      • En cas de varices ou sensations de lourdeur dans les jambes avec gonflements, 5 granules d’Arnica montana en 5CH, 7CH ou 9CH à prendre 2 fois par jour.

    4. Toxicité, contre-indications & précautions d’emploi de l’arnica

    L’Arnica montana est classée dans les plantes toxiques. De ce fait, aujourd’hui, on ne l’utilise plus en interne, sauf en homéopathie. Ceci est principalement dû aux lactones sesquiterpéniques et aux alcaloïdes. Il a été prouvé que l’ingestion massive de fleurs d’Arnica entraîne une cardiotoxicité aigüe (à 123mg/kg chez la souris). De même, l’ingestion à forte dose provoque des hallucinations, des troubles digestifs graves, des gastro-entérites, des diarrhées cholériformes, une faiblesse musculaire, des vertiges, des diarrhées, des tremblements, de la tachycardie puis un collapsus, voire la mort.

    En usage externe, elle ne doit pas être appliquée sur plaies ouvertes comme des blessures non encore refermées ou des ulcères variqueux, car une utilisation prolongée ou une infusion trop concentrée provoque souvent des dermites oedémateuses avec apparition de vésicules ou d’eczéma. La teinture mère peut être allergisante et peut provoquer des dermites de contact, dues aux lactones sesquiterpéniques. De même il peut y avoir des contre-indications en cas de sensibilité aux plantes de la famille des Asteraceae.

    Les différentes formes galéniques pour une utilisation en externe, sont contre-indiquées chez le nourrisson et l’enfant de moins de 12 mois, en cas d’hypersensibilité, d’infection cutanée ou de lésion cutanée. De plus, certaines peuvent être déconseillées pour la femme enceinte, tout dépendra de la formulation et de la posologie du produit, mais selon l’ESCOP, l’utilisation sur la peau de produits à base d’Arnica est sans danger pendant la grossesse. Il faudra cependant veiller à éviter la zone des mamelons en cas d’allaitement.

    Il n’y a aucune interaction connue en usage externe avec d’autres plantes ou d’autres médicaments.

    En usage interne, l’homéopathie est dénuée de toxicité et s’utilise aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte avec toutefois une réserve chez la femme enceinte ou allaitante sans véritable étude scientifique et clinique à l’appui. Par exemple, Boiron autorise Arnica montana en granules mais émet une réserve par précaution concernant sa forme orodispersible Arnicalme…

    Il peut y avoir un risque d’hémorragie augmenté avec la prise simultanée de plantes ou médicaments anti-coagulants ou antiplaquettaires, comme le Ginseng ou le Ginkgo.

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