L’Arnica montana L. est une plante à fleurs complexes qui fait partie des végétaux les plus évolués. Botaniquement, on peut la classer de différentes façons :
• C’est Carl von Linné, botaniste suédois, qui fut le premier, en 1753, à proposer un classement des végétaux selon leurs caractéristiques florales. Puis un autre système de classification est apparu en 2003, dit phylogénétique (APG), complété au fur et à mesure des recherches. Aujourd’hui, nous en sommes à l’APG IV, daté de 2016. Le tableau ci-dessous présente ainsi la description de l’Arnica montana d’après ces deux classifications :
LINNE (1753) | APG III (2009) | APG IV (2016) | |||
Règne | Plantae | Clade | Plantae | Règne | Plantae |
Clade | Plasmodesmophytes | ||||
Clade | Embryophytes | ||||
Clade | Stomatophytes | ||||
Clade | Hemitracheophytes | ||||
Sous-règne | Tracheobionta | Sous-règne | Viridaeplantae | ||
Clade | Tracheophytes | ||||
Clade | Euphyllophytes | ||||
Super division | Spermatophyta | Clade | Spermatophytes | ||
Division | Magnioliophyta | Clade | Angiospermae | Clade | Angiospermae |
Clade | Eudicotyledae | Clade | Eudicotyledae | ||
Clade | Dicotyledones vraies supérieures | Clade | Core Eudicotyledones | ||
Classe | Magnioliopsyda | Classe | Equisetopsida | ||
Clade | Spermatophyta | ||||
Clade | Super Asteridae | ||||
Sous classe | Clade | Asteridae | Clade | Asteridae | |
Sous classe | Magniliidae | ||||
Clade | Campanulidae | Clade | Euasteridae II | ||
Super ordre | Asteranae | ||||
Ordre | Asterales | Ordre | Asterales | Ordre | Asterales |
Famille | Asteraceae | Famille | Asteraceae | Famille | Asteraceae |
Sous-Famille | Asteroidae | ||||
Tribu | Maidae | ||||
Sous-tribu | Arnicinae | ||||
Genre | Arnica | Genre | Arnica | Genre | Arnica |
Espèce | Arnica montana | Espèce | Arnica montana | Espèce | Arnica montana |
Variété | Arnica montana var. montana | Variété | Arnica montana var. montana | ||
Variété | Arnica montana var. atlantica | Variété | Arnica montana var. atlantica |
https://translate.google.com/translate?hl=fr&sl=en&tl=fr&u=https%3A%2F%2Fcommons.wikimedia.org%2Fwiki%2FArnica_montana&anno=2
https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-6646-nomenclature
EYMARD L. – 2017, https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/131688/tab/taxo
Les synonymes que l’on concède aujourd’hui à l’Arnica montana var. montana L. sont :
– Arnica montana var. alpina L.,
– Aliseta plantanginea Raf.,
– Arnica helvetica Loudon,
– Arnica montana var. alternifolia Cariot et St.-Lag.,
– Doronicum montanum (L.) Lam.,
– Arnica petiolata Schur.,
– Doronicum arnica Desf.,
– Doronicum oppositifolium Lam., – Senecio arnica E.H.L. Krause.
• Selon le botaniste danois Christen Raunkiaer, il existe encore une autre façon de classer les végétaux qui apporte des informations supplémentaires, en s’appuyant sur le comportement de leurs organes de survie durant la période hivernale. Cette classification existe depuis 1904 (TELA BOTANICA – 2019).
L’ Arnica montana de Linné appartient à la catégorie des Hémicryptophytes (< 1m) rosettés représentée par le dessin numéro 4.
C’est-à-dire que c’est une plante vivace inférieure à 1m dont, durant la mauvaise saison, les parties vivantes sont cachées et les bourgeons persistants sont situés au ras du sol ; les parties aériennes meurent entièrement. A la belle saison, une rosette de feuilles basale se formera.
2. Variétés existantes
Il existe une quarantaine d’espèces d’Arnica, mais seulement deux variétés botaniques d’Arnica montana :
- Arnica montana L. subsp montana
- Arnica montana subsp atlantica (A.Bolòs) B.Bock
Seules la taille et la forme des feuilles permettent de les distinguer. Les capitules sont plus petits, les feuilles et la tige semblent plus allongées chez atlantica. Cette sous-espèce plutôt ibérique pousse à des altitudes plus basses et montre des différences de caractère biochimique (PETIN – 2016).
Ce mémoire sera consacré à la sous-espèce Arnica montana L. var. montana dans la mesure où c’est la plus présente en France et où elle n’a pas d’égal si l’on considère ses vertus thérapeutiques. On peut toutefois trouver la variété atlantica dans les Landes et dans les Pyrénées Orientales, d’après Tela Botanica. Aussi, nous la nommerons plus directement Arnica montana L.
1 – Pour l’ensemble des chapitres 2 & 3, les références biographiques sont issues de 5
FRACADEMIC – 2010, WIKIPEDIA – 2020, DUCERF G. –
2005, ITEPMAI – 2019, ANSM – 2008 , PETIN P. – 2016, EYMARD L. – 2017, TELABOTANICA – 2019.
3. Ecologie de la plante ▪ Habitat
Arnica montana L. est une espèce endémique d’Europe où elle est présente sur une grande partie du territoire : on la trouve dans une zone qui s’étend du sud de la péninsule scandinave au nord de l’Italie et à l’est, jusqu’aux Carpates (voir carte de répartition p6).
La plante a une préférence pour les prairies d’altitude non cultivées, non pâturées, à sol sableux, frais et humide, tourbeux, pauvre en calcium, acide et non calcaire, à partir de 600 m et jusqu’à 2800 m d’altitude.
Si on la trouve principalement dans des régions montagneuses on la trouve aussi au niveau de la mer dans les pays scandinaves où la latitude se substitue à l’altitude, la température plus fraiche étant plus favorable.
En France on la trouve surtout dans le Massif vosgien, le Massif central ainsi que dans les Alpes, les Ardennes et les Pyrénées.
▪ Sol
Le biotope primaire de l’Arnica se caractérise principalement par un sol acide. Il est aussi fait de pelouses et de landes à sol frais à humide. La plante affectionne particulièrement les sols siliceux.
Suite à l’intervention humaine elle a aussi un biotope secondaire dans lequel elle s’épanouit, toujours acide, mais élargi aux pelouses et prairies agricoles des plaines et des montagnes, ainsi qu’aux lisières et clairières de forêt.
Par conséquent, l’Arnica est une très bonne plante bio-indicatrice des sols acides (pH compris entre 4,5 et 6,2), très pauvres en bases, en nutriments, notamment en phosphate et nitrate mais riches en carbone avec un rapport Carbone/Azote élevé et dénués de calcaire. Elle indique aussi un long passé de la végétation à l’état de landes.
D’un point de vue phytosociologique, c’est une plante très peu concurrentielle, c’est-à-dire que sa croissance peut-être ralentie par d’autres plantes voisines plus gourmandes. Elle pousse principalement aux cotés de la poacée Nardus stricta L., du Trèfle alpin (Trifolium alpinum L.) ou des éricacées (myrtilles, callune) sur les landes. Dans les Alpes, elle est souvent accompagnée de Campanula barbata L., la campanule barbue, alors que dans les Pyrénées, on la trouvera plutôt sur des pelouses à Festuca eskia Ramond ex DC la Fétuque gispet, une autre poacée.
▪ Climat
L’Arnica montana est une plante classée « très rustique » puisqu’elle accepte des températures très basses mais peut connaître des difficultés de croissance si certaines conditions ne sont pas réunies :
• la température : même si elle peut supporter une température de -30°C, pour démarrer pleinement sa croissance, elle a besoin d’une température proche de 20°C. De plus, si les températures devaient chuter brutalement aux alentours du mois de mai, sa croissance serait ralentie.
- le taux d’humidité : elle a besoin de soleil et d’eau, c’est une espèce héliophile mais qui se satisfait aussi de la mi-ombre. Cependant, elle n’apprécie pas les endroits venteux. Et si la sècheresse devait sévir durant sa période de croissance ou sa floraison, l’Arnica aurait du mal à pousser.
- le facteur enneigement : dans le cas où un manteau neigeux persisterait jusqu’au mois de mai, cela favoriserait un développement plus important de la population ; ceci explique le fait que l’Arnica, déjà peu compétitive, croît en temps normal, moins vite que ses voisines, qui, une fois les neiges passées n’ont aucun mal à pousser. Or l’Arnica ayant besoin d’une température déjà aux environs de 20°C pour se développer, si la neige disparaît alors que les températures atteignent déjà ce niveau, tous les végétaux auront les même chances de croître.
▪ Maladies et ravageurs
Comme toute plante, l’Arnica montana L. connaît ses maladies, ses ravageurs et ses parasites. La majorité de ses ravageurs ou parasites lui sont d’ailleurs presque uniquement inféodés.
• Elle peut être sensible aux maladies cryptogamiques comme l’oïdium, apparaissant sur les feuilles dès la fin du printemps jusqu’à l’automne, ou le champignon Entyloma arnicale Ellis & Everh., qui va parasiter les deux côtés de la feuille, produisant une tâche jaune-brun entre juillet et septembre. Les plantes atteintes par ce dernier voient leur développement fortement entravé, que ce soit avant ou après la floraison.
• Concernant ses ravageurs, elle est fortement appréciée de 3 diptères et 1 lépidoptère :
– Le principal est une mouche, Tephritis arnicae L.,
« la mouche de l’Arnica », dont la femelle va pondre
ses œufs dans le bouton floral. La larve se nourrit
alors des jeunes graines, puis se transforme en une
pupe noire qui va continuer de se nourrir tout en étant
protégée par le capitule, jusqu’à devenir adulte et
quitter la plante hôte. Les graines non parasitées sont
également impactées car collées par les amas de
matière fécale des larves, réduisant ainsi les capacités
de l’Arnica à produire et disperser ses graines.
– Le second est Melanagromyza arnicarum Hering, dont la larve vit et se nourrit dans la tige d’Arnica montana puis se transforme en pupe soit dans celle-ci, soit dans son rhizome.
– Le troisième diptère est la larve de Phytomyza arnicae Hering., agit en creusant des galeries dans les feuilles : son surnom est « la mineuse de l’Arnica ».
– Ce surnom est également donné à un microlépidoptère : Digitivalva arnicella Heyden dont la chenille agit de la même façon avant de faire sa chrysalide.
• Enfin, les capitules peuvent être habités par de petits coléoptères, limaces et autres gastéropodes qui créent des dommages sur les jeunes pousses printanières de l’Arnica, leur nombre étant toutefois inversement proportionnel à l’altitude.
▪ Auxiliaires
Les insectes butineurs tels que les abeilles ou les papillons sont considérés comme moyen de lutte contre ces ravageurs.
Il semblerait également que deux espèces d’hyménoptères pourraient parasiter les larves de Tephritis arnicae.
4. Description botanique d’Arnica montana L.
2- Pour l’ensemble du chapitre 4, les références biographiques sont issues de CAZIN – 1868, WIKIPEDIA – 2010, DUCERF G. – 2005, ITEPMAI – 2019, ANSM – 2008 , PETIN P. – 2016, EYMARD L. – 2017
1. Appareil végétatif
L’Arnica est une plante herbacée vivace à rhizome cylindrique horizontal d’environ 10 cm de long et 5 cm de large brun en extérieur et blanchâtre à l’intérieur, traçant obliquement et à petite profondeur, d’où naissent de nombreuses racines grêles adventives.
Plaquées au sol, se trouvent 4 à 6 feuilles radicales sessiles en rosette, vert pâle, un peu velues et de forme oblongue-lancéolée. Leur face inférieure laisse apparaître des nervures longitudinales saillantes. Leur limbe est à bord lisse ou légèrement denté.
Les rosettes basales de l’Arnica forment généralement un tapis dense en raison de la reproduction végétative due au rhizome. Une rosette nouvellement formée devra attendre le prochain printemps et une vernalisation plus ou moins froide pour développer une tige principale.
Une tige aérienne simple vert pâle, de 20 à 60 cm, se dresse du centre de chaque rosette. Elle porte des feuilles caulinaires opposées de petite taille, pétiolées, plutôt épaisses, vert sombre à la face supérieure, vert plus clair en dessous (une ou deux paires par tige). Parfois elle se ramifie à l’aisselle de ses feuilles formant 2 à 4 bourgeons.
La tige et la face supérieure des feuilles sont recouvertes de poils glanduleux et très odorants ; ces trichromes possèdent des glandes à leur extrémité remplies d’huile essentielle et de minéraux, surtout de la silice, servant ainsi d’agent dissuasif pour les vaches, moutons, chèvres…, et protégeant la plante contre le soleil, l’évaporation et le dessèchement.
2. Appareil reproducteur
L’Arnica se reproduit principalement grâce à son rhizome.
Au bout de cette tige l’inflorescence est en capitule jaune-orangé vif de type radié, c’est-à-dire à fleurons ligulés et tubulés.
Elle est solitaire, d’un diamètre entre 6 et 8 cm, et parfois accompagnée de 2 ou 3 capitules plus petits en juillet, issus de tiges ramifiées, terminant les rameaux opposés.
L’odeur qui s’en dégage est très aromatique et de saveur âcre et amère.
Ce capitule est entouré d’un involucre constitué de 18 à24 bractées lancéolées, allongées, aigües à leur sommet et disposées sur 1 ou 2 rangs. Toutes les fleurs de ce capitule sont sessiles.
Les fleurs situées à la périphérie du capitule sont des fleurs femelles, ligulées, échevelées à 3 dents. Elles sont une vingtaine et mesurent de 2 à 3 cm de long. Leurs gynécées sont infères bicarpellés uniloculaires uniovulés, avec un style unique à deux stigmates.
Les fleurs au centre sont beaucoup plus nombreuses, hermaphrodites et tubulées. Elles mesurent 1,5 cm de long et ont 5 dents. Leur calice est composé de 5 sépales, réduits à une couronne simple de poils. Leur corolle est composée de 5 pétales soudés.
Chaque fleuron tubulé porte 5 étamines soudées. L’ovaire est infère, à 1 loge, formée par la soudure de 2 carpelles ouverts, à 1 style et 2 stigmates recourbés en dehors.
La pollinisation s’effectue par les insectes attirés par le nectar de la plante (entomogamie), principalement grâce aux abeilles et aux mouches mais les papillons, les bourdons et les coléoptères peuvent également jouer un rôle
Le fruit est sec indéhiscent, typique de la famille des Asteraceae : c’est un akène brun ovale, mesurant 6 à 9 mm, légèrement comprimé, nervuré, surmonté d’une aigrette de soies sessile, monosperme, permettant l’anémochorie, c’est-à- dire une dispersion par le vent. Cette dispersion s’effectue à quelques mètres de la plante.
Planche botanique d’Arnica montana L.
disponible sur https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/images/index.php?refphot=muft0230
1 : Plante entière ; 2 : Inflorescence en capitule ; 3 : Fleuron ligulé femelle en extérieur ; 4 : Fleuron tubulé hermaphrodite au centre ; 5 : Akène surmonté d’un pappus ; 5’ : Soie qui compose le pappus ; 6 gauche : Diagramme floral fleurons femelles ; 6 droit : Diagramme floral fleurons hermaphrodites.